Un visiteur inattendu

La silhouette menu attendit que Sylith et Tobias s'asseyent à sa table avant de relever la tête et de rejeter son capuchon en arrière, dévoilant le visage usé d'une vieille femme aux yeux pétillants d'une malice presque effrayante.

Sylith la reconnu de suite.

- Bonsoir, ma fille.

Sylith regarda d'un air surpris puis suspicieux la femme devant elle, avant de jeter des oeillades dans la salle où ils se trouvaient tous.

Au bout de quelques secondes, elle se décida a s'assoir sur un siège lui permettant et de garder la vue sur elle et de surveiller la salle.

Le retour de la personne sensée être morte par les repurgateurs ne laissait rien présager de bon.
Au bout d'une minute ou deux,elle repondit enfin.

- "Mère. Quelle drôle de surprise.
Je pensais que tu avais fini sur un feu de joie, vu comment s'est passé les événements suivant ton départ de notre délicieux village."

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Margret ignora la bière qu'on lui servit et ne porta pas non plus le moindre regard en direction de Tobias. Elle répondit avec le même détachement que Sylith, mais sans son ironie:

- Je croyais aussi que tu étais morte, tuée par les répurgateurs de Gerart. J'ai compris que tu avais survécu quand j'ai eu vent de la sorcière aux cheveux de feu qui a terrassé la wyverne, dans le Wissenland. Malheureusement pour toi, je ne suis pas la seule à l'avoir compris, mais tu dois déjà être au courant.

Sylith tiqua a la mention de la wyvern.

- "Je n'avais pas trop le choix, vu les circonstances, c'était soit ça soit mourir. D'autant que je préfère l'ombre, je m'arrange toujours pour ne pas mettre en avant mes dons.
C'est loupé, maintenant. D'autant que cette connerie d'histoire a dépassé notre région."

Elle tapota des doigts sur la table.

- "Raconte moi donc ce qu'il s'est passé pour toi depuis le départ du village, histoire que je comprenne bien la situation."

Elle sembla réfléchir un moment.

- "Avant ça, je vais utiliser certaines capacités pour qu'on s'assure que la vérité soit dite, comme ça on partira sur de bonnes bases.
Si tu n'as rien a cacher, tu n'as rien a craindre et inversement.
Ça te vas ?
Je ne te prends pas en traitre, je te préviens avant et te laisse le choix"

Margret fronça légèrement les sourcils, ce qui déforma un instant son visage ridé, la transformant presque en sorcière des contes pour enfant. Elle sembla néanmoins se ressaisir et ses traits s'adoucirent.

- Tes dons ont beaucoup progressé. Tes pouvoirs dépassent largement tout ce que les miens ont pu être. Même si ta suspicion me pique un peu au vif, je suis fière de voir que ma fille, en plus d'être en vie, a pu devenir ce à quoi j'aspirais.

Vas-y, si cela peut te rassurer quant à mes intentions.

Sylith regarda avec attention autour d'elle, pour vérifier que personne ne surprendrait leur conversation et encore moins son sort.
Elle marmonna a Margret.

- "Les mensonges peuvent être blessant. Littéralement."

La jeune femme se concentra sur Azyr et commença a l'appeler à elle pour le façonner a sa manière.
Prendre des brides de son pouvoir pour le modeler et le focaliser sur sa mère, en faisant en sorte que des filaments du Vent de magie gravitent autour d'elle et qu'ils réagissent en cas de mensonges éhontés de la part de la vielle femme.
C'était du moins la théorie, Sylith n'avait jamais mis en pratique ce sort, qu'elle venait d'imaginer il y a peu, même si les expériences étaient plutôt positives.

Une fois les 7 autres Vents ignorés et son attention focalisée sur Azyr, la sorcière commença a le tisser sur sa mère avec des instructions qu'elle pensait précises.
C'était un sort compliqué, le plus difficile qu'elle connaissait, mais qui pouvais se révéler d'une importance cruciale.

Le sort pris quelques minutes pour arriver au résultat qu'elle espérait.
Du moins, elle le pensait.


HRP :
Focalisation : 43 pour 60 (réussi)
Sort en lui même : 8 + 10 + 2 (foca) = 20 pour 15 (réussi)

- Tu sais que je me servais de Gerart pour pouvoir me marier avec lui et hériter de terres lorsque je m'en serais débarrassé. Gerart savait évidemment que de notre union était née une bâtarde .

Son cousin, Albrecht, était l'héritier de Gerart si celui-ci venait à mourir, et si je ne me mariais pas avec lui. Il a compris mon manège et a fait assassiner Gerart avant que je ne me marie avec lui. Mon temps était compté et j'ai su faire valoir mon utilité, chose à laquelle tu n'es pas étrangère si j'en crois l'identité de ton employeur.  Telle mère, telle fille. Je me suis donc mariée avec Albrecht pour sauver ma peau en lui offrant mes capacités pour lui assurer le pouvoir sur la baronnie. Mais Albrecht avait su pour l'enfant illégitime de son cousin, et il a contacté l'église sigmarite pour assaillir notre village et te trouver afin que tu ne représentes jamais un risque pour lui, en terme d'héritage. Il t'a cru morte, et moi aussi. Je suis restée avec lui, attendant un jour l'opportunité de pouvoir m'en débarrasser pour hériter de ses terres.

Ce n'est qu'il y a six mois que j'ai compris que tu étais encore en vie, à travers tes faits d'armes au cours de la guerre contre les orques. Mais je ne fus pas la seule à le comprendre. Albrecht s'est renseigné pour savoir qui tu pouvais être, et, ensuite, comment tu avais atterrie dans cette situation. Il te traque maintenant, comme tu dois le savoir, pour t'éliminer.

Pour ma part, j'y vois enfin une opportunité de me libérer de son joug. Je ne suis pas assez puissante pour l'atteindre, ni par mes pouvoirs, ni par mon influence. Mais toi, oui. Et si tu ne le fais pas pour moi, tu le feras pour sauver ta peau. Et lorsqu'Albrecht sera hors jeu, j'hériterai de ses terres, et tu deviendras mon héritière.

Tu pourras, ainsi, te libérer du joug de ton propre employeur.

Margret marqua une pause et esquissa un sourire à la fois cruel et satisfaite.

- Cette vermine d'Albrecht aura eu tort de sous-estimer ce que les Senjak peuvent faire.

Sylith digéra les paroles quelques minutes avant de répondre a sa mère.
Elle cherchait les traces de duplicités en elle, qu'il devait forcément y avoir.
Les chiens ne font pas des chats. Sylith avait été à bonne école, il était peu probable que les choses soient si simple et que sa mère fut totalement honnête avec elle.
Elle lui passait beaucoup trop de pommade pour que ça ne soit pas louche, elle qui durant toute l'enfance de sa fille ne lui avait fait que des remontrances et l'empêcher de vivre libre.

- "Je doute que les choses soient si simple, chère mère.
Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?
Ton délicieux mari n'a pas d'héritier désigné ?"

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- Non, j'ai toujours tout fait pour ne jamais lui donner la possibilité d'un héritier. Ses maîtresses ont toutes terminées malades ou sans pouvoir lui donner d'enfants.

Elle haussa les épaules et fit la grimace, ce qui la vieillissait toujours instantanément de dix ans, alors qu'elle n'était pas déplaisante à regarder bien que sa chevelure rousse se fut légèrement fanée.

- Simples ? Tu trouves que les choses sont simples ?

Je n'ai pas de temps à perdre dans une joute avec toi, ma fille. Je suis venue te dire ce qui risquait de t'arriver et que nous avons un intérêt commun à voir Albrecht mis hors d'état de nuire. Tu ne peux guère ignorer mes paroles après votre petit massacre dans cette taverne, et mon cher mari ne s'arrêtera pas à cette première défaite.

Mais si je suis inaudible, Sylith, je peux aussi partir sans t'en dire plus et te laisser te débrouiller. Je trouverai une autre solution.

- "J'ai une tendance a penser que les choses sont toujours bien pires que ce que l'ont peut voir ou entendre.

Il est vrai que ce charmant personnage m'agace au plus haut point, alors même que je n'avais que faire de son héritage.
La mort de son agent est une message qu'il ne va pas pouvoir ignorer et le choses vont empirées.

Il va donc falloir s'occuper de ça.
Malheureusement, nous avons des affaires pressantes et importantes en cours."

Elle sembla réfléchir.

- "Je vais donc m'occuper du seule du sale boulot ? Ou tu participeras pour aider la prunelle de tes yeux a s'en sortir et te sortir par la même occasion de ce mauvais pas ?"

-Non, je vais t'aider. C'est justement pour ça que je suis là. Je sais où Albrecht se terre et avec qui il est accompagné. Je pourrai préparer un piège pour lui, afin qu'il soit plus atteignable et qu'on puisse s'en débarrasser sans attirer les soupçons.

Plus nous attendrons, plus nous risquons que les choses changent et que je sois moins en position d'aider. Et plus nous attendons, plus Albrecht risque de parvenir à t'atteindre.

Mais c'est à toi de décider quand tu souhaites agir; tu pourras me trouver lorsque tu auras décidé. Simplement, ne prend pas trop de temps.

Sylith pianota des doigts sur la table.

- "Où il se terre ? Quelles sont ses relations et son influence ? A-t-il d'autres agents du même tonneau que son toutou qui a eu un petit accident à la taverne ?"

- Il a certaines entrées dans l'aristocratie nulnoise, y compris au palais. Evidemment, il a également des contacts au niveau de l'église sigmarite, mais étant donné que ton employeur est qui t'a permis de vivre, je doute qu'Albrecht se risque à aller le titiller, surtout vu sa position de pouvoir actuelle. C'est un bon point pour nous car ça veut dire qu'il n'aura pas l'église de son côté.

Tu t'es débarrassé de son bras armé le plus puissant; il doit lui rester quelques hommes mais le gros de ses troupes n'est plus avec lui. D'un autre côté, il va savoir qu'il est découvert et cela va le pousser à se retrancher.

Je t'en dirai plus quand tu seras prête à t'atteler à cette tâche. Pour ma part, je loge chez l'habitant dans les Bas Quartier, ce qui me permet de rester discrète. Tu pourras m'y trouver la plupart du temps, bien que je n'y reste pas cloîtrée toute mes journées.

Sylith leva un sourcil.

- "Au Palais. Rien que ça. Un endroit où j'ai jamais eu le droit de foutre les pieds, malgré le statut que j'ai eu à une époque.
Cet Albrecht n'est pas a prendre à la légère.

Il y loge a temps complet ?
Et toi, y'a un mot de passe pour te contacter, une procédure quelconque ?"

Sylith se tourna vers Tobias.

- "Nous avons des affaires pressantes a régler en ce moment, il faudra donc essayer de cumuler les deux, si ça te dérange pas de me filer un coup de main."

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Tobias, but la bière que Margret avait refusé de toucher. Il avait ecouté toute la conversation d'une oreille. Les reunions mère-fille ne l'interessant pas tant que ça. Il fut un temps, avant les evenements de Vandengaart, où il aurait pu fantasmer sur ce genre de réunion, et sur la manière à laquelle il aurait pu s'y integrer... Mais à la reflexion faite, deux sorcières aux pouvoirs inconnues... Il n'avait pas envie de se retrouver avec un deuxieme appareil genital en plein milieu du front... Quoi que... si l'une s'assoit sur son visage pendant que l'autre...

Lorsque Sylith l'interrogea, Tobias sorti de sa rêverie.

"Il faudra qu'on en discute plus longuement... entre nous. Si on ne veut pas que notre employeur soit au courant qu'on se "disperse" sur d'autrez affaires, il va falloir qu'on se coordonne correctement."

- Non, Albrecht ne loge pas au palais mais il y a ses entrées. Il est chez un ami mais je t'en dirai plus quand toi et ton ami serez prêts.

Pour ma part, pas de mot de passe. Viens me chercher dans les bas quartiers à l'adresse que je t'ai indiquée.

La seule chose à savoir est que pour ceux chez qui je loge, je suis Inke.

Margret se leva et remit son capuchon sur la tête.

- Tu es devenue quelqu'un, ma fille. A bientôt, mais n'attend pas trop.

Une fois margret partie, Tobias se retourna vers Sylith, tout en sirotant sa bière.

"Donc? Tu comptes l'aider ou tu étais juste polie?"

Sylith sembla pensive.

- "C'est une femme manipulatrice et perfide qui cherche a ce que je me démerde pour faire son sale boulot.
Malheureusement, j'ai bien peur qu'il y ait une part de vérité dans ce qu'elle dit.
Et je n'ai aucune envie qu'un certain chef des répurgateurs n'entre en contacte avec lui, ça serait... mortel, je pense."

Elle pianota des doigts sur la table.

- "Il est certain qu'elle ne dit pas tout, de plus, ma confiance en elle est très limitée, les chiens ne font pas des chats.
Il va falloir s'occuper de cette affaire aussi, mais il va falloir décider de quand et comment.
Notre mission actuelle est urgente et très sensible, si ce cher Albrecht décide de me mettre des bâtons dans les roues, ça risque de nous exposer et de faire foirer notre enquête."

Tobias sourit et bu une autre gorgee.

"C'est ce que je voulais savoir. Tu veux t'aider mais pas forcemment l'aider elle.

Je pensais donc qu'on pouvait faire eventuellement d'une pierre deux coups.

Imaginons que l'on 'trouve' pendant notre enquete un recueil de soirées demoniaques organisé par Amaury. Imaginons qu'a la liste des invités, nous y ajoutons Albrecht... Les autres membres de la liste pouvant etre des noms inventés ou des ennemis de benedikte par exemple...

Si on venait à reveler qu'il participe à ces orgies... Au mieux il finit au fer, au pire il est brulé... et sa famille repudiée de tout titre et terres.

Tu te debarasses d'Albrecht et tu la met profond à ta mère...

Alors evidemment j'idealise le truc comme si c'etait super simple... Mais ca peut etre un debut de piste pour toi te debarasser de ta mere et d'albrecht et pour benedikte de quelques nuisances..."

- "Le problème est que Margret est une vipère, donc elle a du prévoir des petits coups de putes, si jamais on s'en prend a elle.
C'est pas pour me déplaire, hein, au contraire; mais c'est trop risqué tant qu'on sait pas ce qu'elle veut réellement.

Ca serait aussi pas mal de faire en sorte de relier son cher époux à la secte qu'on recherche, mais va falloir bien se démerder pour.
Et aussi se démerder pour que ça ne nous retombe pas dessus, par le lien de parenté; ça la foutrait mal.

Donc, oui, l'idée me plait, mais va falloir bosser pour pas que ça parte en couille."

Tobias haussa les épaules.

"Comme tu veux, c'est ton combat pour le coup. J'ai ni affinité ni inimitié avec ta mère et son mari. Donc je suivrai ce que tu proposes.

Si tu veux jouer selon ses règles, ca me va. Si tu veux te venger, ca me va aussi.

Sinon, quelle est la prochaine étape de notre super enquête? Une idée pour rentrer dans cette foutue prison?"

Sylith pianota du bout des doigts sur la table, pendant quelques minutes, avant de sortir de sa rêverie.

- "Pour l'instant, je trouve pas de meilleure approche pour Albrecht et Margret et comme tu le soulignes, on est un peu bloqué sur notre enquête. On va donc se concentrer dessus.

Je pensais aller dans les Archives de la ville pour trouver des plans anciens comme nouveaux pour qu'on sache a quoi ça ressemble cette prison.
Ça serait bien, si on arrivait a trouver un accès par les égouts, ça permettrait d'entrer discrètement et avoir une sortie assez sûre pour fuir en cas de merdier.

Comme j'ai pas donné de nouvelles depuis le rendez-vous avec Amaury, je doute qu'il soit encore une possibilité pour se faire intégrer a son petit groupe.
D'autant que ce qu'il faudrait faire me répugne totalement."

"Ouais, les plans me semblent une bonne idée. Ce que je peux proposer pour aller plus vite, c'est que tu fasses les recherches dans les bouquins, et moi que j'aille sur le terrain. Je vais voir s'il y a pas un job d'egoutier de disponible. Ils ont toujours besoin de personne prete à mettre les pieds dans la merde."

- "J'espère que tu as une tendance a résister facilement aux maladies, parce que sinon tu vas en chier.
Quand tu seras de retour, je te fournirais des potions pour stimuler ton système immunitaire, pour assurer tes arrières.

On se retrouve ici chaque soirs pour un topo ?
Fouiller dans les archives, ça va me prendre un temps fou, surtout si je fais en sorte d'attirer l'attention de personne.
Et rien ne prouve que je vais trouver quoi que ce soit, ces chers déviants ont l'air d'avoir des gens haut placés, donc les plans peuvent avoir disparus ou ne pas correspondre.
De toute manière, si je trouve un truc, faudra que tu le vérifie sur le terrain."